quand ça dérape

Oser mettre fin aux relations toxiques. 

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Ça fait longtemps que je n’ai pas écrit un article. Pourtant ce ne sont pas les sujets qui manquent. J’ai plein de notes écrites à l’arrache sur un bout de cahier, sur tous les thèmes que j’aimerais aborder… Mais voilà, à chaque fois que je veux écrire, j’ouvre un doc word, je me retrouve face à ma page blanche et je bloque. Ce n’est pas par manque d’inspiration, ni par manque de motivation. Alors je m’interroge.

À quand cela remonte-t-il ? Cela va faire 3 mois… et cela remonte à quand je me suis brouillée avec ma famille. Je vais te raconter une histoire, la mienne et comment j’en suis arrivée là aujourd’hui.

Chapitre 1 : Adoptée

Je suis fille d’immigrés cambodgiens, réfugiés politiques dans les années 70. Je suis née en France, cadette d’une fratrie de 4 et j’ai été la seule à être adoptée à 13 mois. C’est une adoption particulière puisque faite sous le régime de l’adoption simple, plutôt que pleinière.

Ce que ça change ? Si tu ne connais pas les subtilités de l’administration française, je vais t’expliquer en quelques mots. T’inquiète, je ne vais pas t’assommer avec le jargon juridique et ça ne sera pas long. Par l’adoption pleinière, l’enfant est rattaché à la famille adoptante, son acte de naissance est modifié, ses parents biologiques substitués par ses parents adoptifs. Il perd donc toute filiation avec sa famille d’origine et devient un membre à part entière de sa nouvelle famille, comme s’il était passé par le vagin de sa nouvelle mère. En opposition, l’adoption simple ne brise pas les liens de filiations mais ajoute simplement de nouveaux liens, déléguant l’autorité parentale aux adoptants. Donc sur mon acte de naissance, figurent 4 parents, ceux par lesquels je suis née et ceux qui m’ont élevée. Au-delà d’un simple document attestant de mes ascendances, il existe aussi un impact juridique au niveau de l’héritage mais on ne va pas rentrer dans les détails. Ce qui nous intéresse c’est que, jusqu’à ma majorité, ma famille biologique aurait pu réclamer mon retour en son sein, laissant sur le carreau mes parents, dépouillés d’un enfant qu’ils ont aimé et élevé. Depuis, il me semble que la loi a changé par rapport à ça. 

Imagine la peur et le stress qu’une telle situation pourrait occasionner chez toi, si tu savais que, du jour au lendemain, ton enfant pouvait t’être enlevé.

Je n’ai jamais été réclamée. Mais par contre, cette peur explique bien des choses dans mon histoire, comme notre départ précipité de la frontière suisse à mes 3 ans alors que mes parents avaient des places en or et notre emménagement en Thaïlande. J’ai toujours entendu mes parents dire que c’était la crise économique qui les avaient poussés à partir… Sauf que ma mère était propriétaire de 2 salons de coiffure à Genève avec une dizaine d’employés et mon père était responsable du service informatique chez Cargill, et que la Suisse est toujours ce qu’elle est…Un eldorado de l’emploi à l’Européenne. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai trouvé 20 ans plus tard mon premier job dans cette montagneuse patrie. Pour cela que cette raison donnée pour notre départ a toujours été suspecte à mon esprit raisonnable… Et je crois que notre migration relevait plus de la fuite que d’une envie folle de vivre à l’étranger. Mais ce n’est que mon avis.

Chapitre 2 : Retour aux origines

À 24 ans, alors que j’étais en poste, je reçois un email venu de nulle part : « Salut, je crois que je suis ton frère. J’ai une photo de toi bébé dans mon porte-monnaie ». Sidération…

Je me rappelle bien avoir plus ou moins cherché à 15 ans des traces de ma famille biologique. A ma disposition, un nom, une ville et une carte de visite avec 3 prénoms écrits au crayon à papier. J’avais appelé plusieurs numéros en Alsace mais les résultats n’étaient pas au rendez-vous et j’avais laissé tomber l’idée d’investiguer plus sur mon passé. Mes questions restaient sans réponse et je m’étais fait une raison. Après tout, la plupart des adoptés n’ont pas l’occasion de fouiller dans leur histoire et se doivent de construire une vie malgré la partie manquante de leur passé. Et moi, qui ne demandais plus rien, me voilà avec un frère qui a retrouvé ma trace. Bien entendu, je lui réponds et en échangeant, il s’avère qu’il est bel et bien celui qu’il prétend être. Ma sœur m’appelle et nous convenons d’un rendez-vous quelques semaines plus tard pour se rencontrer.

Ils habitent à 300 kilomètres de chez moi. Nous avons rendez-vous à la gare. Je suis au volant de ma voiture, j’ai les mains moites. Je vois une petite femme qui débarque. Elle est asiatique… ça doit être ma sœur. Nous nous disons bonjour, avec une certaine réserve, comme si l’on se jaugeait l’une l’autre. Nous prenons un verre en terrasse et nous discutons un peu. Elle finit par me dire que je ne pose pas beaucoup de questions. Je lui réponds simplement que je m’étais fait une raison et que les questions, je les ai oubliées, enterrées. Puis, elle me demande si c’est ok pour moi de rencontrer le reste de la famille, à savoir, les parents, le frère et l’autre sœur ainsi que leurs conjoints et leurs enfants. Je dis ok. Intérieurement, je la remercie car sa démarche est délicate. Elle ne m’avait pas donné rendez-vous avec tout le monde, mais avait pris la peine de me rencontrer de manière intimiste pour ne pas me brusquer, et me laisser le choix d’aller plus loin ou pas dans cette démarche. Je la suis donc jusqu’au domicile des parents qui est également le sien.

Et lorsque je franchis la porte, je suis propulsée dans un autre monde. Je me trouve face à une autre petite bonne femme, plus vieille. Lorsqu’elle me voit, elle m’observe, se fige et fond en larmes tout en me prenant dans ses bras. Je suis pétrifiée. Déjà normalement peu à l’aise avec les démonstrations émotives, je ne sais pas quoi faire de ce petit bout de femme qui me pleure dessus. Elle me dit que je ressemble à ma sœur avec son accent tout droit sorti d’un mauvais sketch de Gad Elmaleh. Moi, je ne vois pas la ressemblance… mais bon j’ai passé tellement d’années à essayer d’être blanche que ça ne m’étonne pas. Je me retrouve propulsée au bled mais version nem. On mange du riz gluant et des saucisses laotiennes. Je ne me plains pas, j’adore la bouffe.

 

Je vis cette journée un peu à côté de mes pompes, comme dissociée. Je vois la scène se jouer devant moi alors que je suis loin au-dessus de mon corps, il participe à l’échange et moi, je survole. Le moment est plaisant mais déroutant, simple mais déconcertant, horriblement normal mais extraordinaire. Je repars sans savoir quoi penser, ni même quoi ressentir. Les années qui suivent, je parle peu à ma famille biologique parce que je ne les connais pas. Dis-toi que si je te connais et que tu reçois de mes nouvelles plus d’une fois par an, tu es un privilégié. Alors autant te dire que des étrangers… Mais voilà, environ une fois par an, on s’écrit un email avec ma sœur. Parfois elle en est l’initiatrice, parfois c’est moi. 8 ans après cette rencontre, on s’est revu 2 fois… soit une fréquence d’environ une fois tous les 3/4 ans, histoire de se rappeler mutuellement qu’on existe.

Chapitre 3 : Apocalypse intérieure

Là où le bât blesse, c’est du côté adoptif. Parce qu’après 25 ans d’une parentalité exclusive, les voilà confrontés à ma nouvelle réalité : j’ai une « autre famille » qui me raconte le passé, le pourquoi du comment de cette adoption. Et les sons de cloches diffèrent. D’un côté, j’ai le son primordial, celui que j’ai entendu dès ma petite enfance : une famille pauvre qui voulait se débarrasser d’un enfant de trop, une fille qui plus est, encombrante et sans valeur dans le pays de l’enfant unique… On m’a sauvée de l’orphelinat et du caniveau. On m’a monnayée… enfin pas vraiment, c’était légal mais il y a eu échange d’argent (20K ou 30K ça dépend de l’année de la version). Dieu est grand, enfin surtout mes parents, messies de mon monde. Et d’un coup, voici l’autre son qui se présente : naissance dans un moment où les galères s’enchainent, une culture différente qui confie facilement un enfant à un oncle ou une tante pour lui offrir une meilleure chance dans la vie, un abandon qui n’en est pas un puisqu’il a été refusé (l’acte d’abandon n’a jamais été signé, d’où l’adoption simple), l’incompréhension d’une promesse non tenue de me revoir à mes 18 ans, l’espoir et la culpabilité.

Personnellement, je suis tiraillée entre ces deux versions qui s’accordent sur certains points et se contredisent sur d’autres. Mais je sais que chaque personne a sa propre perception de la réalité, arrange son histoire de telle sorte qu’elle soit confortable à vivre, pour elle et ses proches.

Alors je décide de me raconter ma propre histoire : fille d’immigrés, confiée pour un avenir meilleur à une autre famille en mal d’enfant, créant du bonheur pour tous et recevant de l’amour de tous. Est-ce la vérité ? Je ne sais pas mais je m’en accommode, ça devient ma vérité et ça me rend la blessure plus facile, quasiment cicatrisée.

Mais voilà, que les parents adoptifs s’acharnent à me dire que les biologiques mentent, que ce sont des mécréants, qu’ils affabulent. Je leur réponds que c’est ok : à chacun son histoire. Mais ils continuent et ne lâchent rien, ils veulent absolument avoir raison, car eux seuls détiennent la vraie vérité, les autres ne sont que des menteurs. Mais cette vérité me blesse, me fait me sentir comme un vulgaire morceau de viande négociée sur un étal de boucher, et malgré tout, en ce qui concerne les autres menteurs, leur sang coule dans mes veines. Pour les adoptifs, qu’importe puisque c’est LA vérité. Je dois l’entendre, ils doivent me l’imposer et être sûrs que c’est la seule que je retiens. Et puis le reste de la famille s’en mêle, les oncles et les tantes qui viennent appuyer encore là où ça fait mal.

Entends bien qu’il n’y a rien de bon à tirer de ces chinois.

Désolée mais c’est tout mon patrimoine génétique que tu insultes là.

Et j’ai commencé à vriller parce que je me suis rappelé le racisme ordinaire que j’ai entendu toute mon enfance. Rien de méchant, loin de là mais c’est toute la perversité du racisme ordinaire ou encore de la discrimination positive (tu sais quand tu as un préjugé dit positif vis-à-vis de quelqu’un à cause de ses caractéristiques physiques… les grosses sont gentilles, les chinois sont travailleurs, les pédés sont des esthètes). D’un simple sobriquet à la suite d’une bêtise : « tu es mon péril jaune », merci tata… au résumé de mes compétences à ma génétique : « tu es bonne en maths et douée de tes mains, c’est parce que tu es chinoise… Tu aimes le riz, c’est normal, c’est dans les gênes », merci maman… Je me rappelle. Et plus je me rappelle, plus j’ai la rage. Parce que ça m’a amené à normaliser ce type d’interactions avec les autres. C’est devenu normal qu’on me dise « conichiwa » ou encore « rentre chez toi sale chinoise » quand on me croise dans la rue, parce que j’ai une face de tarte au citron, parce que je suis jaune, parce que je suis bridée, parce que je ne suis qu’une chinetoque de plus… Normal qu’on me redemande systématiquement mes origines si à la question « d’où viens-tu ? », j’ai la prétention de répondre France. Parce que je me rends compte que si mon enfance a été dorée, belle, riche, incroyable, elle a aussi été une source de souffrance, de peine, de solitude, d’incompréhension, de silence.

C’est comme la levée du voile… Apocalypse sur mon monde intérieur. Je me racontais seulement une histoire qu’on m’a raconté pendant des éons. Et le beau conte de fée s’étiolait pour ne devenir qu’une histoire d’humain, avec toutes ces facettes, bonnes comme mauvaises, constructives comme destructrices. Le fantasme de l’enfance parfaite s’écroulait. Je n’étais plus la pauvre enfant sauvée, rescapée de la misère à qui l’on offre une vie meilleure, hors des caniveaux. Le vilain petit canard n’avait plus le potentiel du cygne. Cendrillon n’était plus.

Chapitre 4 : Retour sur le passé

Mes parents adoptifs qui avaient sacrifié leur vie pour moi (entends bien le mot « Sacrifice » qui m’a été seriné encore et encore sous sa forme la plus cachée: « sans toi, je meurs »; « on a fait tout ça pour toi »…), qui m’avaient tout donné, perdaient de leur lustre pour reprendre un rayonnement banalement humain, enrobés de leur part d’ombre. Subitement leur noble action d’adoption devenait beaucoup moins noble, car ils me portaient comme la croix jusqu’au calvaire. Le sacrifice était lourd et demandait compensation : j’étais responsable de leur bonheur, vu qu’ils l’avaient sacrifié pour moi. Tout ce qu’ils faisaient, c’était pour moi. En contrepartie, je devais combler le vide utérin créé par l’absence d’un enfant naturel longuement désiré. Imagine le poids que c’est pour un enfant (unique qui plus est, et qui ne peut donc partager la charge avec d’autres) de porter à bout de bras le bonheur de ses parents.

Je me devais d’être belle, intelligente, talentueuse, irréprochable, brillante, parfaite pour être à la hauteur de leurs espoirs et amours. Rien de conscient, ni d’un côté, ni de l’autre, rassure-toi… On n’est pas des sadomasochistes conscients. Alors, bien entendu, j’ai essayé… et lamentablement échoué à combler leurs attentes.

« Tu t’es regardée dans une glace, on dirait une tourte ». J’avais 14 ans et luttait avec la puberté qui a changé mon corps filiforme en presque femme (faut pas déconner, je suis asiatique, je n’ai ni seins ni cul… de face comme de dos, si je n’avais pas les cheveux longs, tu ne pourrais pas m’attribuer de genre).

« 19,5… pas mal, et pourquoi t’as pas eu 20 ? ». Exigeant semblerait-il, épuisant et blasant certainement…

« Comment ça tu n’es pas d’accord avec la guerre en Irak ? Si c’est comme ça que tu penses, je te déshérite ». Ok donc l’amour est conditionnel, c’est bien ça ? tant que je suis dans ton rang, ça passe, j’en suis digne, sinon c’est merci adieu…

Et pourtant, compensant ce dégueulis de jugements, déceptions et menaces, il y avait l’extase : « vous avez vu ma fille comme elle réussit tout ? » ; « regardez comme elle est belle avec sa bouche en cœur » ; « admirez comme elle n’a peur de rien » ; « 141 de QI, c’est une surdouée, oui monsieur »…

Et puis il y a eu l’apothéose, le summum de la trahison, j’ai fini d’enfoncer le clou. Après avoir renoué de loin avec ma famille biologique, j’annonce ma mise en couple et mon homosexualité. Loin les rêves de maman de voir sa fille mariée en belle robe blanche, loin les rêves d’être grand-mère, loin les rêves de papa d’avoir sa fille à lui tout seul toute la vie, loin les rêves d’avoir une fille exploratrice des temps modernes, loin tout ça.

Quelle enfant ingrate qui prend les rêves de ses parents et les piétine sans aucun état d’âme. Il n’y a plus de respect dans ce bas monde. Alors mes parents, aussi aimant soient-ils, se sont révélés tout autant maltraitant psychologiquement. Un aller-retour dans ma gueule et la mise au jour de nombreuses blessures que je ne pensais même pas exister mais qui n’étaient en fin de compte que niées.

Chapitre 5 : À couteaux tirés

Et c’est parti en couille. Une fête des mères non souhaitée, un mail de réprimande en retour, comme un coup cinglant de martinet psychologique. Une escalade dans la violence de l’échange parce que j’ai décidé de ne plus courber l’échine. Je n’ai plus 4 ans, je refuse de me faire sermonner comme une petite fille. Je tiens tête et me rebiffe pour la première fois… à 32 ans, il m’en aura fallu du temps. Je ne laisse plus passer l’orage en faisant comme si de rien, je ne fais plus semblant d’accepter alors que je suis en colère, blessée, meurtrie. Oui, pour la première fois, j’ouvre ma gueule et je déballe. Je déballe tous les non-dits, tous les reproches tacites, toutes les blessures, toute mon amertume et ma peine. Je ne prends pas de gants, ils n’en ont jamais pris. Je cingle, je fouette, je claque. Mes propos sont durs. Le retour l’est d’autant plus. Mon père ne lâche pas, ne recule pas et sort les armes, celles de toujours, les mots qui font mal, qui blessent, qui humilient. Il prend une phrase, la sort de son contexte et l’utilise pour devenir ma victime, torturée par le bourreau de fille que je suis. Je fais pleurer maman… Elle ne veut plus jouer les modérateurs, elle me donne tort et prend parti avec son mari.

Et, c’est la curée. Je suis une pauvre fille, ayant subi un lavage de cerveau. Je me rends compte qu’à chaque fois que j’émets une opinion qui diffère de la leur, je ne suis plus qu’une simplette dénuée de la moindre capacité cognitive. Je lâche l’affaire. Lorsque le contact est rompu, le lynchage se poursuit en public par posts facebook interposés et s’étend à ma femme qui n’a rien demandé et qui est accusée d’être une vénale qui court après l’argent. J’hallucine, je n’y crois pas, ma déception ne fait que grandir.

Je pensais encore avoir des parents bienveillants. Et lorsque je vois comment ça a dégénéré, je doute sincèrement. Parce qu’il ne faut pas croire, après avoir laissé passer de l’eau sous les ponts, j’ai tenté une reprise de contact. Une carte d’anniversaire, tout un symbole non ? Envoyée comme une main tendue pour la paix pour repartir sur de nouvelles bases.

Mais la réponse est de la même teneur que précédemment : un merci puis une claque… Je te redis que tu as été ABANDONNÉE (pas confiée), je te redis que ta femme est une égoïste qui ne pense qu’au fric mais bon, c’est juste parce qu’on s’inquiète (euh si jamais, on s’est marié et les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance… j’ai donc choisi en toute conscience et pleine capacité de défendre ma femme contre ses agresseurs qui qu’ils soient, et là je dois dire que tu ne choisis pas le bon côté de la barrière), je te redis que nous, on ne pense qu’à ton bien mais que c’est peut-être pas une si bonne idée (tu vas refaire ton testament, sortir le carton rouge « pas d’héritage pour toi », c’est ça le sous-entendu ? mais vas-y, je t’en prie… je te suggère mes cousins comme dignes héritiers… ils font tout parfaitement bien, tu me l’as rappelé assez souvent ces derniers temps… enfin surtout depuis que je vis avec ma femme), je te redis que ce que tu écris c’est trop vulgaire et donc de la merde mais bon, c’est juste parce qu’on pense que ça ne va pas te permettre d’attirer les chefs d’entreprise qu’on pense digne de toi (et avec qui je n’ai pas émis le souhait de travailler… en fait, c’est juste ton fantasme de grandeur qui parle là, pas moi), je te redis que ta femme est une allumée qui ne peut pas réussir dans son entreprise parce que les feedbacks qu’on pourrait lui donner sont négatifs (tu diras ça à ses clients qui adorent ses écrits et qui chantent ses louanges), mais bon tout ça, ce sont juste des remarques, hein ? Y a pas de mal.

Chapitre 6 : What’s next ?

J’en discute, j’en parle autour de moi. C’est redondant… ça tourne et retourne dans ma tête…

Est-ce que c’est moi ?

Qu’est-ce que j’ai raté ?

Où est ma responsabilité ?

Où est ma culpabilité ?

Pourquoi est-ce que ce sentiment de loyauté est aussi fort alors que ça me pourrit la vie ?

La psy m’avait déjà dit que des parents, ça ne dit pas ça, ça ne fait pas ça. Je l’ai entendue mais je me suis dit, la vie est courte, alors ne nous prenons pas la tête, c’est dommage. Mais en fait, si ! Prends-toi la tête, parce que quand tes relations sont toxiques, il est nécessaire d’y mettre un terme. Sinon c’est dommage pour toi, pour ta vie, pour ton bonheur. Ne te laisse pas endommager.

Lorsque tu te rends compte qu’il y a un travail de sape sous-jacent, que tu es attaqué à chaque fois que tu ne corresponds pas à ce qu’on attend de toi, que tu es sous-estimé, jugé et maltraité, coupe les liens. Ne te laisse pas faire ! Bats-toi ! Peu importe si ça vient de ton père, ta mère, ton frère, ta sœur, ton conjoint, ton fils, ta fille, ton ami, ton manager.

Il est hors de question de te faire marcher dessus, de te faire diminuer, de te faire croire que tu n’es pas capable, que tu n’es pas assez, que tu n’en vaux pas la peine. Il est hors de question qu’on te dise ce que tu dois ou ne dois pas faire, hors de question qu’on te dise que tu mérites ou ne mérites pas, hors de question qu’on conteste ce que tu peux ou ne peux pas accomplir, hors de question qu’on doute de tes réussites, de tes talents ou même simplement de toi. Et encore plus quand c’est la famille qui est censée t’aimer. Ce n’est pas ça l’amour.

Quand on t’aime, on te soutient quels que soient tes choix ou ta vérité. Quand on t’aime, on t’accepte tel que tu es, dans tes qualités comme tes défauts. Quand on t’aime, on t’accueille en toutes circonstances, libre de jugement. Quand on t’aime, on croit en toi et en ce que tu peux réaliser (il n’y a pas de rêves trop grands ou impossibles).

L’amour ne connaît pas la condition, sinon c’est du chantage. L’amour ne cherche pas à s’imposer, sinon c’est de la domination. L’amour n’a pas besoin d’avoir raison, sinon c’est de la dictature. L’amour ne juge pas, sinon c’est de la critique. L’amour ne doute pas, sinon c’est de l’évaluation.

L’amour est libérateur. L’amour est supporteur. L’amour est potentialisateur.

Si tu ne te sens pas capable de grandir, de te développer, de te déployer, si tu ne te sens pas soutenu, épaulé, aidé, si tu ne te sens pas libre, on ne t’aime pas, tu ne t’aimes pas.

Quand on t’aime, on te voit.

Chapitre 7 : Bilan

Tu te demandes peut-être où j’en suis maintenant. J’ai fait le bilan. J’ai rempli la colonne plus et la colonne moins et je les ai mis en balance. Comme je suis encore en vie, j’estime que la colonne plus est plus remplie que la moins, sinon je serais passée à l’acte à l’adolescence et me serais surement défenestré, ouvert les veines, crashé en voiture, passé sous un train, overdosé, pendu… Tiens, tu te rappelles quand je parlais de loyauté ? C’est durant cette période suicidaire que j’ai créé un fort attachement à ce sentiment. Ma loyauté envers mes parents, la peine que j’imaginais leur causer en me tuant, m’a empêché de mourir et m’a donc sauvé la vie. Et inconsciemment, j’ai créé la croyance qu’être loyal, c’est rester en vie. Cette croyance, je l’ai lâchée.

C’est ok d’être déloyal, si le cas contraire nous est préjudiciable.

Mon adoption, mon éducation, mes parents m’ont amené des valeurs et des enseignements essentiels que je chéris et pour lesquels je suis reconnaissante chaque jour et à jamais. Je ressens une immense gratitude pour les voyages qui m’ont ouvert l’esprit, pour l’autonomie et la liberté dont j’ai bénéficiées.

Par contre, à l’heure d’aujourd’hui, je refuse la violence verbale qui a été normalisée dans notre schéma familial, je refuse la mise en boîte permanente (qu’elle soit juste pour le jeu ou pour une quelconque autre raison), je refuse de ne pas être vue pour qui je suis, je refuse que mon histoire soit moins importante, moins juste, moins vraie que la leur, je refuse d’être infantilisée en permanence par des termes tels que «ma pauvre fille» ou «chère enfant», je refuse d’être réduite à un rôle de fille qui doit écouter maman et papa alors que je suis une adulte, une femme accomplie et assumée, je refuse cette condescendance. Et ce refus a été pris comme une trahison, comme des reproches et ça a déclenché un conflit dont je ne maîtrise pas l’issue.

J’ai décidé d’être égoïste comme ils disent, de me préserver, de prendre soin de moi et donc, j’ai décidé de couper les ponts, physiques et émotionnels. C’est radical, c’est sans appel, c’est extrême, c’est moi.

To be continued : Forgive…

Aujourd’hui, je ne vais pas te le cacher, c’est difficile, c’est douloureux, c’est intensément émotionnel. Mais plus le temps passe, plus je lâche prise sur cette situation, sur cette relation. Je suis arrivée au stade où je sais que le pardon est nécessaire, pour me libérer moi. Attention, pardonner ne veut pas dire tendre l’autre joue, laisser l’autre revenir dans sa vie avec toute la toxicité que cette relation peut impliquer. Non, c’est juste laisser les rancœurs et l’émotionnel derrière soi, c’est laisser une porte ouverte à l’autre de revenir si et seulement s’il est capable lui aussi d’accepter et de jouer selon les nouvelles règles du jeu. Je suis sur le chemin et je sais que ma prochaine étape est donc le pardon. Je te raconterai quand ce sera fait, quand j’aurai franchi ce cap.

Pour le moment, tout ce que je peux te dire, c’est : « prends soin de toi ».

 

Si tu ressens que ton entourage est toxique, néfaste pour ton bien-être, coupe les liens.

Je lisais un témoignage d’une quinqua qui souffre de sa relation à sa mère et qui est blessée à chaque fois qu’elle reçoit une parole méchante de sa part, même après des années de psychothérapie. Je n’avais qu’une question en tête : « Pourquoi tu lui parles encore ? ».

Si les gens te font souffrir, te font te sentir petit, impuissant, incapable, vire-les de ta vie. Si tout le monde est méchant, il se peut que tu finisses tout seul. Qu’à cela ne tienne!

Accepte, c’est très bien, cela te donnera l’occasion de travailler sur toi, d’apprendre à t’aimer, de découvrir qui tu es au fond de toi.

Et lorsque tu seras arrivé au bout de ton exploration de toi à toi, que tu auras commencé à t’aimer réellement pour qui tu es, tel que tu es, que tu auras pardonné, alors tu seras prêt à accueillir les justes personnes dans ta vie, celles qui seront capables de te renvoyer l’amour que tu mérites (qui est directement proportionnel à l’amour que tu t’accordes à toi-même).

N’aie pas peur de nettoyer les relations toxiques dans ta vie que ce soit ton père, ta mère, tes frères et sœurs, ton mari, ta femme, tes enfants, tes amis, etc… ça peut faire mal au début mais c’est pour ton propre bien. Rappelle-toi, mieux vaut être seul que mal accompagné. Car si tu es mal entouré, c’est ton énergie, ta force, ta joie, ton bonheur, en bref, ta vie qui t’est volée, vampirisée par ces suckers.

 

Brille, rayonne, vis !